Kunzite, Lame Errante

Journal de Kunzite, page 1

J’ai connu beaucoup de personnes au cours de ma vie qui ont ressenti le besoin de coucher sur papier certains épisodes de leur existence. Je ne les ai jamais vraiment comprises. Quel intérêt y trouvaient-elles ? Etait-ce dans l’espoir que leur histoire leur survive ? Ou bien était-ce par simple narcissisme ? Quoi de plus stupide que de dévoiler ses secrets les plus intimes, ses pensées les plus noires, ses sentiments les plus secrets à un simple bout de papier à la merci du premier voleur venu ? Ces questions sont longtemps restées pour moi sans réponse. Jusqu’à cette nuit.

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C’était mon septième contrat. Un homme, la quarantaine, cheveux grisonnants, passé militaire glorieux au sein de l’Alliance, détaché à la surveillance de Sombre-Comté pour ses dernières années de service. Plusieurs sources s’accordaient à dire qu’il était au service des Réprouvés. On fit donc appelle à moi pour colmater les fuites. J’enquêtai longuement sur cet homme avant d’accepter le contrat. Tuer ne me dérangeais pas, tant que le meurtre était justifié or en l’occurrence il l’était. Je finis en effet par intercepter un courrier rédigé de la main de l’homme à destination d’un des sous fifres de Sylvanas ; il y donnait des détails sur la garnison en place à Sombre-Comté ainsi que les différentes failles exploitables dans la défense de la bourgade. La preuve était suffisamment explicite pour ne laisser aucun doute sur la trahison. Je le tuai donc, aussi clairement et simplement que mon contrat le stipulait.

Une grande partie de mon travail consiste à rester dans l’ombre. Dès mes débuts on m’enseigna à effacer les traces, faire passer un meurtre pour un accident ou bien faire disparaître le corps, bref faire en sorte que jamais on ne puisse remonter jusqu’à moi. Ici j’avais traqué et tué ma proie sur le seuil de sa porte, je décidai donc que ce brave homme serait décédé des suites d’un dramatique incendie accidentel. Sa maison se prêtait parfaitement au scénario ; en effet elle était relativement éloignée du reste du village. Au vue de la position de la maison et de l’heure tardive il était donc peu probable que quelqu’un remarque le feu avant que tout ait été consumé. Je déplaçai le corps à l’intérieur et l’installai près de la cheminée puis me mis à la recherche de quelques babioles inflammables afin d’entretenir un feu suffisamment puissant pour qu’il dévore toute la bâtisse. Heureusement pour moi ma victime aimait lire et sa maison regorgeait de livre en tous genres allant de la simple histoire pour enfants jusqu’à des récits historiques relatant la bataille d’Hyjal.
A un moment cependant je fus curieusement attirée par un livre ne ressemblant à aucun autre. Sa couverture de cuir était tachée d’encre et la cordelette qui servait de reliure aux pages était vieille et usée. Je l’ouvris et commençai à le feuilleter. A ma grande surprise c’était un journal, l’homme que je venais de tuer, Richter, y évoquait certains épisodes de sa vie. Je passais directement aux écrits les plus récents espérant découvrir pourquoi un fidèle soldat de l’Alliance avait décidé de trahir son peuple.

« Mon état empire. J’ai parfois du mal à contrôler mes pulsions et bientôt je crains de ne plus pouvoir me cacher. J’ai été voir un alchimiste à Hurlevent mais il m’a dit qu’il ne pouvait rien pour moi, le processus était beaucoup trop avancé. A la manière dont il m’a reçu et examiné, j’ai compris que j’avais fait une erreur en allant le voir, les Worgens le répugnent et mon secret est désormais en grand danger. Je dois fuir. Le capitaine me fait chanter depuis quelques mois déjà, mais si ses soupçons sur ma vraie nature sont confirmés il me tuera. Ou pire encore… Je dois fuir c’est certain, mais où ?»
Je refermai le journal et m’assis un moment, ce n’était pas la peine de continuer, on m’avait manipulé ; j’avais tué un innocent.
Après avoir brûlé la maison et offert un enterrement décent à Richter j’étais rentré chez moi le cœur lourd. Ce soir là je fus incapable de trouver le sommeil. Je me saisi alors du journal de Richter que j’avais gardé sur moi et j’entamai une nouvelle page.


L’aube avait fait son apparition sur le Bois de la Pénombre. L’un des rares rayons de lumières ayant réussi à filtrer à travers l’épais feuillage des arbres vint me réchauffer le coin de l’oreille. J’avais passé la nuit à écrire. Cela ne soulageait en rien ma conscience mais j’avais l’impression d’avoir partagé le poids de la culpabilité qui me rongeait avec quelqu’un.

« Richter, dis-je tout haut comme s’il pouvait m’entendre, je ne prétends pas te connaître mais de ce que j’ai pu lire de ton journal je sais que tu as passé ta vie seul. Ce que je peux désormais t’offrir est certes dérisoire par rapport à ce que je t’ai pris mais je vais te promettre deux choses. Premièrement tant que ce journal sera en ma possession, tu ne seras plus jamais seul. Deuxièmement je retrouverai la personne qui a commandité ta mort, peu importe ce que je dois sacrifier pour cela, et je la tuerai. »

En lisant cette première page du journal de Kunzite , Myssanna se rendit compte que personne ne connaissait suffisamment le passé des Coeurs.

Il est parfois lourd de garder en soi certains secrets, et elle plus que tout autre savait ce que cela pouvait etre difficile... IL faudrait peut etre qu'elle ai une petite discussion avec Kunzite, surtout depuis que Kilaya avait reçu ce courrier étrange d'un dénommé Beryl ...